Face à l’immobilisme pour une sortie de crise dont fait face le pays, les religieux sont passés à l’offensive. Une rencontre entre les leaders religieux à la demande de l’imam Dicko a eu lieu chez Ousmane Madani Haïdara, Président du Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM). Même si rien n’a filtré de cette rencontre, certaines sources proches des religieux évoquent la volonté d’une unicité d’actions pour aider le pays.
On sait qu’il s’implique régulièrement sur le terrain politique, puis que c’est de lui qu’il s’agit, l’Imam Mahmoud Dicko, à la tête d’un mouvement hétéroclite a fait chuter l’ancien Président IBK par un coup d’Etat militaire après plusieurs mois de mobilisation populaire contre les fraudes électorales, la mauvaise gouvernance, les violences et l’insécurité entre autres.
Un an après le départ d’IBK et la prise du pouvoir par les militaires dans une transition à multiple facette, l’aspiration à un Mali nouveau n’est qu’un songe transformé en abime. Bien qu’il avait averti qu’il retourne dans sa mosquée de Badalabougou, l’Imam avait précisé par ailleurs que sa mosquée est bien au Mali et qu’il n’y aura plus “un chèque en blanc’’, pour qui voudra diriger ce pays. En début de semaine, l’homme a une fois encore réagi sur la situation catastrophique du pays.
Pour lui, les douze mois de transition n’ont rien changé dans le pays ce, après un long moment de silence.
“Il ne faut pas se voiler la face, nous sommes aujourd’hui dans une situation d’impasse. Ce qui est réel. La faillite de l’Etat s’explique par celle de la classe politique. Tant qu’on ne voit pas la réalité en face, savoir qu’on a trébuché ou même fauté, on ne s’en sortira pas’’, pense l’imam politique.
Selon le parrain de la CMAS, les gens préfèrent se mettre derrière un imam pour faire tomber un régime, mais ils pensent que se mettre derrière un imam pour construire un pays, cela va les diminuer. “Nous sommes dans une impasse’’, dit-il.
“Nous sommes dans une situation où c’est l’existence même de la Nation qui est mise en cause. Moi imam, dès que je parle, on me qualifie de tout, à commencer par nos frères occidentaux. Le fait que je sois imam fait que certains ne veulent pas se mettre derrière pour construire le pays’’, a critiqué l’imam Dicko.
Selon lui, la situation du pays fait que l’étau se resserre contre nous. Le pays s’effrite de jour en jour. “Quand je parle, les médias occidentaux et tous les autres disent l’imam, l’imam, l’imam. Quand je ferme la bouche, on dit que l’imam ne dit rien, où est-il passé ? Je ne sais pas ce qu’il faut faire’’, se lamente l’homme fort de Badalabougou.
“Donner l’impression que c’est les autres qui doivent nous faire sortir de ce problème, c’est ça l’erreur. Quel que soit ce qui se dit, le devoir citoyen m’impose de chercher des solutions ici et là. Il faut faire des élections, on n’a pas le choix. Mais est-ce que les élections à elles seules seraient la solution ? Notre problème, ce n’est ni la Minusma ni la France ni la Russie. C’est nous-mêmes et nous devons nous mettre ensemble’’, conclura l’imam Dicko.
Parlant de la résolution de la crise des communautés, il a répondu en ces termes : “Je viens de rencontrer le cardinal de Bamako et d’autres pasteurs pour essayer de voir comment est-ce qu’il faut appeler les Maliens à se rassembler pour que nous puissions avoir un sursaut et parler avec les acteurs politiques et les forces vives de la nation pour que les gens se mettent ensemble. Je ne peux pas rester insensible aux problèmes du Mali’’.
“Il faut qu’on se parle. Mais parler ne veut pas dire aller parler à ceux qui ont des armes seulement. Notre erreur, c’est d’abandonner les légitimités traditionnelles, les pouvoirs coutumiers et les chefs religieux au sort des bandits armés. Il faut qu’on parle aux chefs coutumiers, aux chefs traditionnels’’, a proposé l’ancien président du Haut conseil islamique du Mali.
En clair, c’est dans cette démarche du dialogue que les religieux se seraient rencontrés le samedi dernier afin de formuler une proposition dans une synergie d’action pour les autorités. L’imam ne voudrait plus rester dans sa mosquée laisser le mali couler dans l’abime. Car, dit-on souvent, “on ne peut pas vendre un voleur pour acheter un sorcier’’.
IBK aura été celui sous qui le pays a connu son pire moment de gouvernance, mais si rien n’est fait le pays fonce directement dans le mur. Et pour se sauver des critiques, l’imam Dicko en se joignant au cardinal Monseigneur Zerbo et le Cherif Haïdara, c’est pour prescrire une thérapie de choc.
C’est le wait and see…
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