Les besoins de consommation théorique en farine de blé au Mali sont estimés à 120 000 tonnes par an, ce niveau de consommation représente environ 150 000 tonnes de blé par an. La production totale de blé n’excède pas 10 000 tonnes par an, ce qui constitue un déficit majeur pour la commercialisation. Les Grands Moulins du Mali sont les principaux acheteurs de cette quantité à commercialiser. Pourtant ce n’est pas le potentiel de terres exploitables pour la culture du blé qui manque. Ces terres sont estimées à 45.000 ha dans la Région de Tombouctou. La région de Kayes et la zone nord de l’Office du Niger (Kogoni) disposeraient également de ressources hydriques importantes et de conditions agro-climatiques favorables à la culture du blé. Voici tout ce qu’il faut savoir avant de se lancer dans la culture de ce précieux produit au Mali…
Les principales zones de production, au cours de ces six dernières années demeurent Diré et Goundam. Malgré un potentiel important de 14 260 ha exploitable à Niafunké, la production demeure insignifiante dans cette zone.
L’intervention du Projet PACCEM à Diré et une partie de Goundam, à partir de 1998/99 a permis une forte augmentation de la production. A Diré, la production (tout en restant marginale en terme de potentialités de terres exploitables 8,9%) a connu un accroissement de 81,9% entre 1997/98 et 1998/99 ; 96,3% en 1999/2000 par rapport à 1997/98 et 7,94% par rapport à 1998/99. Toutefois, le rendement à la production reste toujours en dessous du seuil de rentabilité soit 3,6 à 4 T/ha (cf. M. Pelletier, rapport de l étude sur la rentabilité de la filière blé, 2001).
La baisse de production constatée en 2000/2001 est due principalement à la chute drastique des superficies semées en blé par la Coopérative agricole de Diré (CAD).
A Goundam la production a été multipliée par 3,37 fois entre 1997/98 et 2000/2001 avec un pic de 4 fois en 1999/2000.
Dans les deux zones une baisse de production est constatée en 2002/2003.
La recherche variétale et la production semencière de blé au Mali :
A la suite de la collecte et de l évaluation de plus de six cent écotypes locaux dans le cadre de la recherche variétale et des tests sur une centaine de lignées de blé dure et de blé tendre fournies par le CIMMYT et le CIRAD Montpellier, en définitive huit variétés ont été cataloguées par le laboratoire des semences.
Depuis la fin des années 1990, il n’y a plus de chercheur travaillant sur le blé.
Le travail de la station de recherche de Diré qui relève de l’IER , consiste essentiellement à procéder à la production de semences de base (G0). Les cinq variétés multipliées et certifiées par cette station sont :
le Siete Cerros originaire du Mexique (blé tendre)
le Hindi Tosson originaire de l Egypte (blé tendre)
le Biskri bouteille originaire d Algérie (blé dure)
l’Alkama beri écotype local (blé tendre)
le Tétra écotype local (blé tendre).
Tétra, la variété la plus utilisée
La variété Tétra qui est la plus utilisée (80% des emblavures), présente les meilleurs résultats aux tests de panification et peut atteindre, selon le SLACAER de Diré, un rendement de 4T/ha en milieu paysan lorsque le paquet technique et le calendrier de production sont respectés.
La production de semences de base (G0) est normalement assurée par la station de recherche agronomique de Diré (SRAD). Celle-ci a une capacité de production de 5 tonnes par an.
Toutefois, faute de disposer de moyens adéquats, la station a limité ses activités au cours de ces dernières années au seul maintien de la pureté génétique des cinq variétés mentionnées ci-dessus.
Dans le but de redynamiser le processus de recherche, le PACCEM a signé, en 1998, un protocole d accord avec le SRAD portant sur l expérimentation de nouvelles variétés résistantes à la chaleur et la production de semences.
Cela a abouti à la production de 5 tonnes de semences G0 qui a été mise à la disposition des producteurs semenciers pour multiplication en 1998/99. Cette opération qui était suivi par le SLACAER a permis la production de 18 tonnes de semences G1. Elle n a plus été renouvelée à cause d un manque de coordination entre le service semencier et la station de recherche ainsi que d un problème d’irrigation des parcelles semencières.
La multiplication des semences en milieu paysan PACCEM a constamment diminué passant de 80 tonnes, en 1998/99, à 950 kilogrammes, en 2000/01. Au cours de la campagne 2001/02, aucune multiplication de semences n’a eu lieu en zone PACCEM.
Types de production
Quatre types de production coexistent dans la région de Tombouctou :
le métayage, les prestations de services, le groupement de producteurs et les coopératives.
Les intrants agricoles
La recherche recommande l utilisation de 100 kg de phosphate d ammoniaque et de 100 kg d’urée par hectare. Ces normes ne sont pas toujours respectées.
Cela tient à l enclavement de la Région et des zones de production, à l absence d un système d approvisionnement efficace et durable, aux difficultés d accès au crédit non usurier par les producteurs (à l exception du système mis en place par le PACCEM mais qui ne couvre pas toute la zone).
Quant à l utilisation des semences sélectionnées, sur la base des estimations elles représentent 30% des superficies emblavées selon le rapport Wadell intitulé « Transformation du blé 2002 »,.
Mécanisation
La culture du blé est essentiellement manuelle. Les équipements agricoles (charrue, tracteur, charrette, bœuf de labour, batteuse) sont quasi inexistants dans la région. Les différentes tentatives d introduction de la culture attelée de ces dernières années ont échouées. Le PACCEM a initié de nouvelles tentatives de mécanisation (charrue et batteuse de blé) mais les initiatives sont récentes et ne permettent pas pour l instant de tirer des conclusions.
Main d’œuvre
La main d’œuvre constitue actuellement le plus important facteur limitant le développement de la culture du blé et du riz. La mise en culture de 1577 ha de blé en 2001/2002, qui n’a mobilisé que 5% de la population active lors des opérations de labour, a pourtant causé de fortes pressions sur le marché de la main d’œuvre occasionnant un étalement des opérations culturales. Pour (1577 ha + 5000 ha nouveaux) il y a un besoins estimé à 263.000 hommes/jour pour les opérations de labour (grattage superficiel) et la confection des cuvettes soit environ 9.000 personnes pour réaliser ces travaux soit plus de 20% de la population active du cercle.
Sans l introduction de la mécanisation (charrue, motoculteur, batteuse etc.) il n est pas possible d envisager une augmentation importante des superficies à emblaver.
Aménagements et équipements d’irrigation
Les périmètres de culture de blé sont aménagés, dans la majorité des cas, par les paysans sans ou avec un faible appui technique. Ces aménagements sont souvent rudimentaires.
La mauvaise qualité des aménagements (Les bassins de dissipation non bétonnés ; les canaux principaux, longs et sinueux avec une profondeur et une forme pas conformes aux normes techniques, faits de terre battue ; les canaux secondaires et tertiaires construits sur des sols non planés) entraîne d importantes pertes en eau et sa distribution inégale dans les parcelles (certaines parcelles sont noyées alors que d autres ne sont pas suffisamment alimentées).
Cette situation affecte les rendements, obère les coûts de production et nécessite l installation de motopompes surdimensionnées eu égard aux superficies irriguées.
Les périmètres de 35 ha sont équipés de groupes motopompes de 50 CV alors que la norme généralement appliquée pour la culture du blé est de 1 CV par ha.
Calendrier cultural
Le blé et le riz ne sont pas cultivés sur les mêmes terres. La compétition entre les deux cultures se situe au niveau du chevauchement des deux calendriers culturaux. Ce chevauchement est essentiellement dû à l’insuffisance de la main d’œuvre, à l’absence de mécanisation et au non respect par les producteurs du calendrier agricole riz-blé.
La comparaison des comptes d’exploitation blé et riz fait ressortir, en terme de coût de revient à la production, un léger avantage du blé (81,2 francs CFA/kg) sur le riz (83 francs CFA/kg).
Par contre, l écart des rendements (4 tonnes/ha pour le blé et 7 tonnes/ha pour le riz) est nettement en faveur du riz.
Sur la base des prix de vente moyens de l année 2001, la culture d’un hectare de riz rapporterait 260.000 francs CFA et celle d un hectare de blé 191.000 francs CFA.
Cependant le rendement moyen du paddy à l hectare observé jusqu’ici ne dépasse pas 5 tonnes.
Sur cette base le résultat du blé même en pratique culturale actuelle (84 026 FCFA) est supérieur à celui du riz (48 762 FCFA).
Toutefois la culture du riz présente moins de risques que le blé dont l itinéraire technique est nettement plus contraignant. Le riz est aussi plus facile à préparer et représente de plus en plus l’aliment de base dans la région.
Le désenclavement de la Région par l axe Niono- Nampala- Léré- Niafunké- Tonka entraînera une compétitivité favorable du riz Office du Niger par rapport au riz produit dans la Région de Tombouctou. Cette situation favorisera le positionnement du blé à titre de culture de rente la plus prometteuse pour la région.
Stockage et conservation
Peu d informations existent quant à la capacité de stockage des entrepôts disponible dans la région (zones urbaines et rurale). Toutefois, nous notons qu’il y a peu de capacité de stockage
et que les quelques entrepôts disponibles ne sont pas en bon état.
Aussi, les techniques de conservation appropriées sont mal connues par les acteurs.
Cette situation engendre des pertes post récoltes énormes depuis les opérations de moisson jusqu’à celles de mise en marché.
Transformation
Le blé produit au Mali (Région de Tombouctou) est transformé en farine selon deux modes : la transformation artisanale et la transformation industrielle.
Les quantités vendues aux minoteries industrielles oscillent entre un minimum de 11,30% et un maximum de 24,40% de la production annuelle.
Investirmali.com