Du fait du tarissement des cours d’eau dû au changement climatique et à la pollution de l’eau des fleuves par les activités minières hostiles à la croissance de la pêche traditionnelle, le Mali, dont la consommation moyenne annuelle est estimé de à 50,5kg/an/hab, bascule de plus en plus dans la pisciculture moderne. Sans doute, aujourd’hui, ce business a le vent en poupe au Mali.
Contrairement à certains pays comme le Bénin qui ont bien maitrisé le domaine, l’élevage des poissons est une pratique nouvelle au Mali. Certes, le pays ne dispose pas d’expériences riches dans cette nouvelle pratique, mais il y a un gros marché à prendre dans ce secteur en plein développement. Car la pêche en eau douce ne parvient plus couvrir le besoin national du pays en poisson. Le poisson frais manque dans les eaux maliennes. Une situation consécutive aux effets néfastes des changements climatiques, l’ensablement du fleuve.
De nos jours, la filière poisson survit grâce à l’importation des produits halieutiques en provenant du Sénégal ou même de la Chine. Pour preuve, pour combler le déficit de production, la Fédération nationale des pêcheurs du Mali a recommandé à ses membres de s’engager dans la pisciculture, qui apparait comme la seule alternative crédible, afin de compenser la diminution des revenus de la pêche et ainsi subvenir aux besoins de la clientèle. Mais, malgré ces appels de la Fédération nationale des pêcheurs du Mali, le pays continue d’être envahi par du poisson importé surgelé laissant moins de choix aux consommateurs. « Nous avons bien envie de nous lancer dans la pisciculture, mais les moyens financiers font défaut. Car cela nécessite un gros moyen financier. De plus en plus, nous sommes contraints de nous reconvertir. Car ce métier ne paye plus du fait de l’état polluant ou ensablement de nos cours d’eau», regrette Kalifa Djénépo qui se dit par ailleurs être près à collaborer tous les investisseurs désireux se lancer dans l’élevage des poissons au Mali.
Une production locale fortement attendue !
Selon Moussa Traoré que nous avons rencontré dans la poissonnerie de Ba Hawa Doumbia dans le quartier de Lafiabougou en Commune IV du Distrcit de Bamako, il quitte pratiquement tous les deux jours dans cette poissonnerie pour prendre sa dotation journalière en poisson. Pour lui, il n’y a pas de comparaison entre le poisson congélé importé et le poisson élévé au Mali sur place en termes de gôut. « Le poisson élevé sur place est le plus prisé par les Maliens parce que il y a plus de goût dans ce poisson. Au-delà des conditions d’hygiène des poissons importés qui laissent à désirer du fait qu’ils traversent plusieurs frontières avant d’arriver au Mali, ces poissons n’ont pas trop goût », confirme la vendeuse de poisson qui a plus 15 ans d’expérience dans ce commerce.
Actuellement, plusieurs pays européens, comme la Norvège, exportent une grande partie de leurs produits aquatiques vers différents pays africains, notamment la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Nigéria, le Burkina Faso, le Mali, etc.
Selon les chiffres, fournis par Norwegian Seafood Council, l’Afrique de l’Ouest représente la moitié des exportations de poissons et produits de la mer (essentiellement du poisson congelé) de Norvège vers l’Afrique, de l’ordre de 47à 48%.
Le Nigeria représente l’un des principaux marchés des produits de la pêche de Norvège. Un marché en baisse, indique-t-on. Ainsi, de 2014 à 2016, les exportations norvégiennes vers le Nigeria ont chuté de 1,3 million de tonnes à 888 320 tonnes, soit -33%.
D’autres pays d’Afrique de l’Ouest, mais de plus petits marchés, ont réduit également leurs volumes importés. C’est le cas de la Guinée, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Niger, la Sierra Leone et le Togo.
Par contre, les importations du Ghana ont fortement grimpé, dépassant celles de la Côte d’Ivoire. Le Burkina Faso et le Mali ont eux, quasiment doublé leurs volumes importés. Ce qui confirme, une fois de plus, l’existence d’un gros marché à prendre au Mali.
Ce qu’il faut pour se lancer dans la pisciculture au Mali !
Au Mali, les premières expériences en la matière sont cependant relativement récentes. Elles ont été initiées au début des années 80, dans un contexte particulier caractérisé par des déficits de production halieutique à la suite de la persistance de la sécheresse. Le premier plan de développement aquacole a été financé par l’USAID de 1979 à 1982. Son but était d’initier les paysans à l’élevage du poisson. Une station d’alevinage a été construite à San dans les périmètres irrigués de la Compagnie malienne des textiles (CMDT), qui devait initialement en assurer l’alimentation en eau.
Dans la pratique la station ne fut régulièrement alimentée que pendant trois à cinq mois par an. Pour pallier ces problèmes, la station fut dotée d’un système autonome de pompage pour prélever l’eau du Bani sur près de 2 km, ce qui résulta en une augmentation significative des coûts de fonctionnement. Parallèlement, quelques initiatives privées conduisirent à l’installation d’étangs d’aquaculture (ex. domaine de Térya-Bougou près de San).
En 1986, une aide d’urgence de l’OUA tenta de promouvoir la pisciculture en étangs auprès des populations rurales dans la zone de l’Office du Niger (ON). Avec un système d’irrigation couvrant plus de 100000ha, cette zone est en effet particulièrement favorable au développement aquacole. En 1987, les volontaires de l’Association Française des Volontaires du Progrès (AFVP) initièrent un projet de vulgarisation de la pisciculture villageoise dans la zone de Niono. Plus de 200 étangs furent construits sur la zone.
Le projet de développement aquacole le plus important est cependant celui qui, financé par le PNUD et exécuté par la FAO (projet MLI/86/001), se déroula d’octobre 1987 à décembre 1992, pour un montant d’environ 2,2 millions$EU. La plupart des objectif assignés au projet (appui technique à la station de San puis de Molodo pour la formation et la vulgarisation, formation des cadres et techniciens supérieurs, création de stations piscicoles, production d’alevins) ont été atteints. Un Centre national de formation, construit à Molodo, a notamment permis de créer un esprit de corps important parmi les producteurs et les agents d’encadrement du projet. En outre, quelques cadres supérieurs ont pu être formés à l’étranger. Trois stations d’alevinage ont également été construites pour la production d’alevins (Molodo, Kourouma et Sélingué) et mises en service en collaboration avec d’autres partenaires institutionnels: OERHN à Sélingué; et OUA et AFVP à Kourouma.
Pendant toute sa période d’activité et conformément à sa vocation, le projet MLI/86/001 a fédéré l’ensemble des activités de développement de la pisciculture au Mali par l’entretien d’un vaste réseau de collaboration. Néanmoins, à la clôture du projet en fin d’année 1992, la plupart de ses activités ont été interrompues, pour diverses raisons dont le manque de financement pour le fonctionnement des installations, le manque d’implication des régions dans un projet piloté depuis le début par l’administration centrale, et le manque de clarté dans le mandat des agents en poste dans les stations.
La plupart des projets de développement de la pisciculture au Mali ont été conçus pour promouvoir une activité rémunératrice, c’est-à-dire une production destinée à la commercialisation. Le modèle technique type était celui d’une pisciculture intensive ou semi-intensive en étang (superficie des étangs de 3 ares pour une profondeur d’environ 60cm; empoissonnement à raison de 2 poissons au m²).
Malgré les efforts considérables qui ont été faits par les agents d’encadrement, la diffusion de l’aquaculture intensive au Mali demeure globalement un échec. Une production aquacole commerciale n’est en effet possible que lorsque certaines conditions techniques, économiques et sociales sont réunies (ex. disponibilité de terrains, d’eau en qualité et en quantité convenable, de sous-produits agricoles, de matériels et de matériaux, de main-d’oeuvre locale, etc). Les périmètres irrigués par les retenues de Sélingué et de Manantali offrent des conditions techniques favorables à ce type de pisciculture.
Autrefois limitée à une petite activité traditionnelle de production, la pisciculture a connu un développement rapide et important en Afrique notamment au Mali et fait partie intégrante des filières promues pour assurer la sécurité alimentaire et le développement économique africain. Il est donc indispensable d’avoir une formation technique suffisante en pisciculture et des connaissances managériales pour la gestion du personnel en charge du projet et la gestion de l’unité de production dans son ensemble. Pour ce faire, on doit être accompagné par des experts dans les débuts pour mieux assimiler et adapter les connaissances acquises au développement de son projet.
Combien faut-il pour se lancer?
Les coûts varient en fonction des objectifs de production. Le système peut être artisanal avec du matériel local, ou intensif avec du matériel hors-sol, ou moderne a l’instar des cages flottantes. Avec une somme de 1 000 000 FCFA on peut ouvrir son entreprise de pisciculture. En tenant compte de l’achat de la matière première, des alevins, des infrastructures et du matériel, on peut produire 500 kg de poissons pour débuter.
Quel matériel ou équipement?
Il est indispensable d’avoir une ressource en eau permanente pouvant alimenter en cas de besoin le système de production. Il est possible d’utiliser comme source d’eau le forage, un puits aménagé ou encore de l’eau disponible dans les rivières. L’eau du robinet, par contre, n’est pas appropriée pour la production des poissons. Comme matériel nécessaire, on a besoin des bassins piscicoles qui peuvent être des étangs, avec un bassin en terre où les poissons se nourrissent partiellement ou complètement de la production du phytoplancton ou du zooplancton. Ces sources alimentaires seront produites dans des bassins piscicoles artificiels, dans des bacs hors sol, ou des cages flottantes implantées à la surface de l’eau. Le matériel utilisé est constituée des bacs en béton, des bacs circulaires en bâche, ou encore avec du matériel local adapté en fonction des besoins (bois ou matériels préconçus par un chaudronnier, recouverts de bâches, et de fibres en verre), du matériel de protection individuelle, une balance électronique, des épuisettes, et un kit complet pour la prise des paramètres physicochimique.
Les clients se trouvent dans les marchés, les supermarchés, les restaurants, les services traiteurs, les hôtels et les marchés internationaux. La pisciculture est véritablement rentable à partir d’un minimum de 500 kg de poissons commercialisés par mois.
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