Une étude de la Banque de France aide à comprendre la grande dépendance des finances publiques et privées françaises, y compris celles des grands groupes capitalistes, à l’égard des marchés financiers internationaux.
Notre pays est le cinquième plus grand émetteur de titres de dette à l’échelle mondiale. Avec un taux de 4,9 %, il est loin derrière les États-Unis (38,7 % du total mondial), de la Chine (12,8 %), du Japon (12,7 %), mais proche du Royaume-Uni (5,4 %). En valeur, comme ces autres pays à l’exception de la Chine, la part de la France dans cette dette mondiale est supérieure à celle de son PIB. Paris se distingue cependant des autres places financières sur un point : avec un taux de 8,1 %, sa dette est la plus présente au sein des portefeuilles internationaux de titres après celle des États-Unis (34,6 %). C’est dire qu’elle est plus soumise à leur humeur.
C’est ce qui permet de comprendre certaines des situations difficiles traversées par notre économie à des périodes de notre histoire, notamment en 1982-1983, alors que la gauche accédait au pouvoir après plus de vingt ans de domination de la droite. Paris, pour financer les mesures sociales engagées, devient alors l’un des principaux emprunteurs mondiaux sur le marché international des capitaux et paie lourdement ce choix à l’occasion d’importantes attaques contre le franc. Les milieux financiers n’apprécient pas du tout la réduction du temps de travail, l’abaissement de l’âge de départ à la retraite, les nationalisations… Contrairement à la France où elle est au-dessus autour de 54 %, la part des non-résidents est plutôt faible aux États-Unis et au Japon. Elle y est respectivement de 28 % et de 12 %. Ce sont les pays alliés des États-Unis qui sont ses créanciers les plus importants. La Chine détient à peine 4 % de la dette publique américaine, contre 8,5 % dix ans plus tôt.
Enfin, il est deux éléments qui contribuent relativement à sécuriser la dette de Washington par rapport à celle de Paris : outre que près de ses trois quarts sont détenus par des résidents, une forte majorité de cette dette est entre les mains d’institution publiques, collectivités locales, agences publiques et de la banque centrale des États-Unis, la Fed. Celle-ci possède près du quart de ces titres de dette. En France et dans la zone euro, contrairement aux États-Unis et au Japon, il est interdit à la banque centrale de financer directement les dépenses publiques. De fait, elle les crédite indirectement par le biais des banques commerciales et des grands groupes et sans conditionner ces prêts par le biais de critères sociaux.
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