Résumé : fortement dépendante de l’extérieur et très exposée aux aléas climatiques, l’économie malienne confirme sur la période récente (2019/2020) sa résilience. Ceci en dépit de multiples défis auxquels le pays fait face. Pour 2021, les perspectives macroéconomiques sont jugées bonnes. Forte, la présence économique française positionne la France comme principal partenaire économique du Mali. Stabilisation durable du contexte politique, amélioration effective du climat des affaires et réforme du secteur clé de l’énergie (et d’EDM) sont des points d’attention des investisseurs mobilisés ou qui prospectent au Mali.
Insuffisamment diversifiée, l’économie malienne est fortement dépendante de l’extérieur. C’est le cas pour ses importations, notamment de denrées et intrants agricoles ou de produits raffinés (gas-oil, essence, kérosène) mais aussi pour ses exportations d’or, de coton et de denrées agricoles (principales productions et exportations du Mali). Dans le domaine agricole, la forte exposition aux aléas climatiques doit également être prise en compte.
L’économie du Mali confirme toutefois sa résilience avec un taux de croissance économique moyen élevé de +5,7% entre 2014 et 2019, taux nettement supérieur (près du double) à celui de l’ensemble du continent africain sur la même période (+3,31%[1]). Sur la même période, l’inflation est maitrisée (inférieure en moyenne à 2%) ainsi que la dette publique (inférieure en moyenne à 36%/PIB et au seuil de 70%/PIB fixé par la Cédeao). Elle enregistre donc d’excellents résultats en dépit de nombreux défis auxquels elle fait face le Mali dans les domaines politique (après 2012, le Mali a de nouveau connu un changement inattendu de régime le 18 aout 2020), sécuritaire (Centre et Nord du Mali sont depuis 2012 plus que fragilisés par les groupes armés et/ou terroristes) mais aussi sanitaire (covid 19, même si le Mali a relativement été épargné jusqu’ici par la pandémie.
L’économie malienne bénéficie par ailleurs de l’appui d’un nouveau programme triennal du Fonds Monétaire International (FMI). Celui-ci a été adopté en Conseil d’administration du FMI le 25 mars 2020. Il est assorti d’une Facilité élargie de crédit de 191 MUSD. Le Mali sait par ailleurs compter sur le soutien de ses partenaires notamment techniques et financiers traditionnels (FMI, Club de Paris, AFD…).
Pour l’année 2020, il faut notamment noter une 1ère revue du programme du FMI conduite et validée (janvier), un report (mars) de la 2nde revue, le rééchelonnement de la Facilité élargie de crédit (FEC), la mise en place par le FMI d’une Facilité de Crédit Rapide (FCR) d’un montant de 200MUSD, d’autres importants appuis des bailleurs mais aussi la prise de sanctions par la Cédeao au lendemain des évènements du 18 aout (levées le 6 octobre). La mission de revue virtuelle organisée par le FMI en janvier 2021, a confirmé une contraction de 2% de l’économie en 2020, une inflation (0,5%) et une dette publique (44,8%/PIB) stabilisées.
Notons enfin pour 2020, un niveau durablement bas des cours mondiaux des hydrocarbures qui a joué un rôle bénéfique sur l’économie et le budget du Mali, atténuant considérablement sa facture énergétique.
Pour l’année 2021, un accord préliminaire a été atteint le 13 janvier entre le FMI et les Autorités Maliennes en ce qui concerne les politiques à mener pour que les 2ème et 3ème revues du programme en cours puissent être conclues. L’approbation de cet accord préliminaire en Conseil d’Administration du FMI (2ème quinzaine de février) permettra au Mali de disposer de 40 millions de droits de tirages spéciaux soient environ 58 MUSD. Bonnes, les anticipations du FMI pour 2021 tablent sur un taux de croissance économique de 4%, une inflation de 1,5% et un ratio dette publique/PIB de 46,2%.
Tirée par des cours mondiaux à des niveaux exceptionnellement et durablement élevés, la production et les exportations d’or devraient connaitre une forte progression, parallèlement à l’arrivée de nouveaux opérateurs miniers. Dans le secteur agricole et pour la période 2020/2021, la production de coton devrait connaitre une forte chute (50%), les cotonculteurs n’ayant pu ensemencer la totalité habituelle des surfaces, jugeant le prix d’achat du kilo de coton (par la Compagnie malienne de développement des textiles, CMDT) insuffisant. La production de céréales devrait être de nouveau excellente (elle avait atteint un record en 2019/2020), à la faveur notamment de conditions climatiques favorables.
Forte, la présence économique française fait de la France le principal partenaire économique du Mali.
La présence économique française se matérialise par le recensement de 125 filiales et sociétés à capitaux français, contribuant à 20% des recettes fiscales maliennes employant directement plus de 5500 salariés notamment dans les infrastructures (Bolloré), la téléphonie mobile (Orange), la distribution des carburants (Total), l’agroalimentaire (Castel, GIE AMI, Eléphant Vert), le BTP (Razel, Sogea-Satom, Somafrec), les titres et documents sécurisés (Idémia), la certification (Bureau Veritas), la sous-traitance minière (Manutention Africaine au Mali), la restauration (Servair Mali), le transport aérien (Air France), les medias (Canal+) ou encore le ciment et les matériaux de construction (ATC métallurgie, Métal Soudan, Vicat/CMM).
Quelques points d’attention subsistent, pris en compte par les autorités et qui méritent de leur part une attention toute particulière. Ce sont la mobilisation des recettes internes (douanes, impôts, domaines), la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite et la réforme effective du secteur stratégique de l’énergie et de son principal opérateur, Energie du Mali (EDM). Leurs évolutions constituent autant de facteurs clés pris en compte par les investisseurs étrangers qui investissent ou qui prospectent au Mali./.
Via Investirmali.com sur Direction Générale du Trésor