Modibo Tolo vient d’être débarqué de son poste de secrétaire général du Conseil national du patronat du Mali (CNPM), a-t-on appris de sources proches de ce dernier. Mais le CNPM qui est tiraillé entre deux hommes d’affaires influents du pays risque de ne plus être qu’une coquille vide si la saignée qui a commencé au sein de l’organisation patronale continuait, surtout après la décision du gouvernement d’écarter les patrons de la gestion d’un fonds important s’élevant à plus de 50 milliardsde francs CFA.
Modibo Tolo serait une victime collatérale de la guerre entre le président sortant Mamadou Sinsi Coulibaly et Amadou Diadié Sangaré, son challenger. C’est Modibo qui, étant le « gardien » des lieux, avait fermé la porte à Diadié Sangaré et ses partisans qui ont été obligés de tenir leur élection en dehors des salles du patronat, selon certaines sources. Mamadou Sinsi et ses camarades aussi ont organisé leur propre élection en contestant la validité du premier scrutin qu’ils ont boycotté.
Ensuite, un bras de fer oppose les protagonistes depuis ces élections autour du contrôle du patronat. Aux yeux du camp Diadié qui contrôle les lieux en ce moment, Modibo Tolo venait de commettre un acte. Selon un membre de ce camp, le secrétaire général n’a pas été chassé mais remplacé.
C’est la mémoire du patronat malien qui s’en va ainsi, après avoir servi pendant une longue période l’organisation qu’il a vu grandir. C’est feu Moussa Balla Coulibaly, le père du patronat malien, qui l’avait recruté. « Il a d’ailleurs refusé son poste à l’OCLEI pour rendre service au patronat ; c’est un homme très sérieux et serviable », commente Sidi Fofana, une connaissance de Modibo Tolo, qui dit être tombé des nues en apprenant la nouvelle.
Mais le patronat malien vient de perdre autre chose, plus utile aux protagonistes que Modibo Tolo. Le gouvernement a décidé de retirer au CNPM la gestion du PVI, le Programme de vérification des importations. La brouille entre Mamadou Sinsi Coulibaly et Diadié Sangaré a ainsi valu aux patrons de ne plus avoir cette manne financière s’élevant à plus de50 milliards de nos francs. «Toute la bataille entre les deux hommes, c’est autour de la gestion de cette manne financière », explique un proche du dossier litigieux pendant devant les tribunaux.
C’est normal que le gouvernement retire la gestion du fonds aux deux camps en attendant que la justice fasse son travail. Puisque aucun des deux camps n’est pas juridiquement reconnu, les autorités ont choisi de ne pas laisser un si important argent à la disposition des protagonistes du feuilleton judiciaire autour de l’élection des membres du bureau du CNPM.
Il s’agit de la vérification de toutes les importations du pays, donc une affaire qui va au-delà des camps qui s’affrontent pour la gestion du PVI.Ce que l’on craint le plus, c’est que la division au sein du patronat n’ouvre pas la boite aux pandores en entrainant une série de pertes pour le CNPM. Les acquis de Moussa Balla Coulibaly pourrait être lentement érodés si les patrons n’arrivent pas rapidement à enterrer la hache de guerre. Certains estiment que les négociations entamées et l’action judiciaire pourraient faire de cette histoire un triste souvenir.
La Rédaction