Difficile de parcourir aujourd’hui deux cent mètres sans apercevoir un atelier de fabrique ou un étalage d’exposition des carreaux, conçus sur la base du ciment que l’on appelle communément « pavés ». La capitale malienne est de plus en plus envahie par ces produits qui servent d’embellissement des cours de beaucoup de logements. Qu’est-ce qui explique l’intérêt des Bamakois pour le pavé.
Au Mali, les propriétaires de maisons ont tendance à utiliser fréquemment les pavés pour embellir la cour de leur concession. Mais, ce n’est pas tout. Les pavés sont aussi utilisés dans de nombreuses ruelles à travers la ville. Toute chose qui étend le cercle des clients des producteurs aux collectivités locales et à l’État malien. C’est dire que les pavés ne sont plus l’affaire des seuls particuliers qui les utilisent pour donner une belle image à leurs cours.
Pour en savoir davantage sur l’utilisation de ces pavés, nous avons approché le Groupe Daff sanitaire et dalle Mali, situé à Magnambougou, en commune VI du district de Bamako, et spécialisé dans le carrelage en ciment.Ce groupe a pour vocation de rendre les cours des maisons et les salles de bain sublimes. Le groupe a une grande expérience dans la production des pavés et bordures pour revêtement intérieur et extérieur des maisons.
Sur le sujet, Adou Daff, membre du Groupe Daff sanitaire et dalle Mali, a bien voulu s’entretenir avec notre équipe de reportage.
Selon lui, les Maliens affichent actuellement un grand intérêt pour les carreaux et les pavés. Cela est remarquable, dit-il, par le fait qu’il y a de nombreuses personnes qui se sont lancées ces dernières années dans ce business prometteur. Il a rappelé qu’avant les gens faisaient des bétons de forme dans leurs maisons, mais aujourd’hui,le monde a évolué et les techniques aussi. « Aujourd’hui, ce sont les carreaux ou les pavés qui sont à la mode », explique notre interlocuteur.
A ses dires, le Groupe Daff, au démarrage de ses activités de production,ne recevait que les commandes des particuliers. « Mais de plus en plus, nous recevons des marchés publics », se réjouit-il.
Toutefois, il précise que les commandes des particuliers dominent toujours.
Selon Adou Daff, la durée de vie des pavés dépend de sa fabrication. « Quand tu regardes chez les blancs, c’est les pavés qu’ils utilisent dans leurs ruelles mais sur la voie publique, c’est le goudron. Le pavé n’a pas une longue durée de vie sur la voie publique car il ne supporte pas les gros engins », explique notre interlocuteur.
En ce qui concerne le prix du mètre carré du pavé, il est cédé au Groupe Daff entre6500 et 7000FCFA. « Nous faisons des promotions en fin d’année (de novembre à janvier) en faisant une réduction de 20% sur le prix du mètre carré et il revient à 5500F au lieu de 7000 FCFA. Il y a des mois dans l’année où notre entreprise peut vendre jusqu’à 5500 mètres carrés. Mais nous avons nos moments de mévente où à peine nous arrivons à écouler 1000 mètres carrés. Le chiffre d’affaires oscille entre 5 et 15 millions F CFA par mois. Cela dépend de l’évolution des marchés », a-t-il indiqué.
Comment ouvrir une unité de production, et qu’en est-il de l’accès aux matières premières?
En réponse à cette question, Adou Daff explique en ces termes : « Il faut une machine (moule) qui arrive de la Chine et qui coûte une dizaine de millions selon la qualité. Il y a aussi des fabrications artisanales qui sont moins chères. A part ces machines, l’accès aux matières de production est facile. Elles sont importées de l’extérieur, notamment le ciment, l’oxyde qui permet de donner une couleur aux pavés et le sable qui se trouve chez nous », a-t-il dit.
L’hivernage, une période de vache grasse
Ibrahim Ouattara fait partie des tout-premiers producteurs de pavés à Kanadjiguila. Il vit de ce métier depuis plus de dix ans.D’où son surnom « Pavé ». La plupart des pavés posés dans les cours des maisons à Kanadjiguila, Sébénikoro, Mamaribougou Ouinzindougou, Kalabambougou sont sortis de son unité de fabrique, sise juste derrière la station Sotraka, à l’entrée du quartier de Kanadjiguila, avant d’arriver au pont. Dans ces quartiers, tout le monde le connait et l’estime pour son travail bien fait. Son atout est qu’il a appris ce métier au Burkina Faso, un paysqui est beaucoup plus en avance sur le Mali dans le domaine du pavage. « Mes pavés ont une garantie de vie de 30 ans. Je fabrique aussi les pavés qui servent à embellir les haies des goudrons. Mes pavés de forme étoile ou serpent ont une épaisseur de 6 cm ou 7 cm et ont une durée de vie plus longue que les goudrons », explique l’entrepreneur qui dispose des machines adaptées à la fabrication de toutes les dimensions de pavés suivant le besoin du client. « Il y a les dimensions 40 qui pèsent 8,500 kg et les dimensions 30 qui pèsent 5,500 kg », informe Ibrahim Pavé.
Toutefois, il regrette lui aussi que ses clients soient majoritairement des particuliers.
Selon lui, c’est en période hivernale que les pavés se vendent beaucoup. Pourquoi ? Il explique que pendant cette période, les eaux de pluie stagnent dans les cours de beaucoup de maisons. Cette situation motive beaucoup à en faire la commande.
Chez Ibrahim Ouattara dit Pavé, le mètre carré est cédé entre 7000 et 6000 F CFA.
Mais, précise-t-il, le prix du mètre carré dépend souvent de la dimension et de la lourdeur du pavé. « Les pavés demandent beaucoup de ciment qui se vend actuellement cher, la tonne. Le prix du mètre carré dépend du prix de la tonne du ciment.
Parlant des avantages du pavé, Ibrahim Ouattara dit Pavé explique qu’il permet de dégager la chaleur dans la maison. « Les pavés ne se chauffent pas. Parce qu’on les pose sur beaucoup de sable, environ 4 ou 5 mm. Cela créé une certaine humidité dans la maison. Les pavés permettent aussi de donner une longue vie aux carrés dans les chambres. Parce qu’ils absorbent tout le sable qui se pose sur les chaussures et qui sont retenus par les pavés dans la cour », explique notre interlocuteur, joignable au 77 83 84 44/ 99 66 07 90.
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