Marimpa Samoura, le président de la Cellule nationale de traitement des informations financières(CENTIF), a déclaré vouloir ouvrir des investigations pour comprendre ce qui est fait de ses rapports. En déjeuner de presse mercredi dernier, le 7 avril, il a indiqué que sa structure travaille depuis plusieurs années, fait des rapports sur des présumés crimes financiers dont certains sont transmis à la justice. «Il n’y a pas beaucoup de cas jugés, et s’il y en a, ce n’est pas à hauteur des attentes », a –t- il déclaré
Selon le président de la CENTIF, il est important que la presse aide à lutter contre le crime financier, surtout à faire comprendre à la population que lutter contre le blanchiment d’argent est une question de sécurité. Il a ainsi cité le cas de la ville de Nara où le pain manquait chaque matin. C’est après l’attaque de la ville par des insurgés que l’on n’a compris que ces derniers achetaient toute la production locale pour se nourrir pendant qu’ils rodaient autour de la ville avant de passer à l’acte.
La secrétaire générale de la CENTIF, Fatoumata Hacko, a longuement insisté sur le caractère confidentiel de la CENTIF. La presse, a-t-elle affirmé, doit aider à lutter contre le blanchiment d’argent et lutter contre le financement du terrorisme, mais elle doit éviter de donner des informations qui compromettent l’enquête sur le dossier. « La manipulation de l’information doit être faite avec beaucoup de précautions », a-t- elle conseillé aux journalistes présents dans la salle.
De son côté, la presse a salué l’initiative mais elle a déploré le fait que la CENTIF soit une structure tenue au silence sur ses rapports. Beaucoup de journalistes ont souhaité avoir des copies des rapports sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme au Mali.
Dans son rapport d’activité 2019, la CENTIF révèle qu’un « fonctionnaire qui occupe une haute responsabilité dans l’administration nationale, notamment dans la gestion des projets de développement, a acquis un bien immobilier à 250 000 000 FCFA. Dans le but de camoufler l’opération, le bien acquis a été enregistré au nom de son fils étudiant dans une université américaine. Le revenu légal connu dudit fonctionnaire ne lui permet pas de faire une telle acquisition ; son enfant n’a aucun revenu légal connu. L’opération n’a pas été déclarée aux services fiscaux à sa valeur. Avec la complicité du notaire, il a été déclaré que l’acquisition a été effectuée à 100 000 000 FCFA. Le manque à gagner pour l’Etat est énorme. L’origine douteuse des fonds et la fraude fiscale fondent le soupçon de blanchiment de capitaux ».