Souhaitées et organisées par le ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, les assises nationales sur le coton visent à donner une nouvelle santé à la filière coton du Mali après une campagne cotonnière 2020-2021 catastrophique.
Lors du lancement de ces assises, le ministre a fait une courte genèse des crises que traverse la filière coton, avant de se pencher sur les objectifs des prochaines assises.
La crise de 2000-2001 fait suite à la baisse de la ristourne passée de 40 FCFA/kg en 1989/1999 à 5 FCFA/kg en 1999/2000, avec un prix plancher de 145 FCFA/kg. L’augmentation du prix plancher à 160 FCFA/kg en 2000/2001 par l’Etat, sera jugée insuffisante. Trop peu et trop tard selon plusieurs zones de production.
Le mouvement de boycott qui s’en est suivi s’est traduit par une chute de production de 459 000 tonnes en 1999/2000 à 242 000 tonnes en 2000/2001. Une baisse de plus de 40%.
La deuxième crise de 2008-2009 résulte d’une augmentation spectaculaire sur le marché mondial du prix des principaux engrais du système coton. En effet, le prix de cession du complexe coton est passé de 12 000 FCFA/sac en 2007/2008 à 17 210 FCFA/sac, complexe céréales de 11 000 FCFA à 16 370 FCFA/sac et l’urée de 10 275 FCFA à 17 690 FCFA/sac. Malgré l’augmentation du prix d’achat du coton par les autorités de 160 FCFA/kg en 2007/2008 à 200 FCFA/kg en 2008/2009, il y a eu un mouvement de boycott de la culture du coton.
La troisième crise de 2020-2021 découle de la pandémie du Covid 19. Cette pandémie a eu un impact sur le cours de la fibre du coton qui est passé de 1013 FCFA/kg en position FOB à 772 FCFA/kg de mi-février à fin mars 2020.
Une telle situation a eu une répercussion directe sur la détermination en avril 2020 du prix d’achat du coton au titre de la campagne 2020/2021 qui est passé de 275 FCFA/kg en 2019/2020 à 200 FCFA/Kg en 2020/2021, soit une réduction de 27%, les intrants agricoles étaient cédés au prix coûtant.
« L’annonce des prix d’achat du coton graine et de cession des intrants ainsi que les difficultés liées au renouvellement des organes du réseau coopératif ont été les facteurs déclencheurs du boycott de la culture du coton au titre de la campagne 2020/2021. Ainsi donc, suite à ces différentes crises, des réflexions stratégiques impliquant les différents acteurs ont été faites, donnant lieu à nombre de recommandations », rappelle le ministre.
Selon lui, les prochaines assises, dont l’objectif général est de contribuer à la relance de la culture cotonnière en vue de la rendre résiliente, compétitive, rentable, et durable, doivent répondre aux questions suivantes : Quelles sont les leçons apprises des différentes crises et pourquoi les solutions envisagées n’ont-elles pas fonctionné ? Quelles sont les actions de relance de la culture du coton recommandées à partir de 2021/2022 ? Quelles sont les actions devant permettre l’amélioration du mécanisme d’approvisionnement en intrants ? Quelles sont les stratégies d’amélioration de la gouvernance de la filière, et des capacités opérationnelles des organisations paysannes ; Quelles sont les attentes vis-à-vis de l’état ? Quels sont les mécanismes de financement de la recherche cotonnière ?
« Je demeure convaincu que ces assises permettront d’analyser toutes ces questions de façon participative et responsable. Aucun sujet n’est tabou et j’encourage le débat, dans la franchise et dans la courtoisie qui sont de mise », incite le ministre.
Quant à lui, il s’est engagé devant tous coton-culteurs et le peuple malien à travailler sans relâche pour que la filière coton sorte du cercle vicieux afin qu’il puisse s’inscrire dans le plus proche futur dans un cercle vertueux, seule condition d’un développement soutenable et d’une prospérité partagée.
Youssouf Z KEITA
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